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La Dame à l'hermine

12 décembre 2008

Le fond du tiroir (1)

Dans une poignée de coquillages brisés au fond du tiroir, tu revois cette petite fille blonde en bikini vert-amande, son sourire malhabile, ses genoux écorchés. A côté d'elle, une femme qui pourrait être ta grand-mère, petite dame au teint halé, cheveux noirs au carré, pose, les mains enfouies dans les poches de sa robe de toile blanche ; sourire affirmé, regard altier. Toi tu es assise dos à l'objectif, tu tournes la tête, bouche-grimace, yeux mis-clos. Tu tiens un moule de plastique rouge en forme d'étoile. Les doigts de ta main libre s'enroulent dans une boucle de tes cheveux. Au dos de la photographie, on a écrit : Mimizan, été 81.

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9 décembre 2008

L'intime encore

Il n'y a donc rien d'autre que cette chaleur étouffante du transport, que le bruit des pages tournées dans la fièvre de ne pas se laisser dormir au milieu du jour ?

Rien d'autre que cette plainte des corps que l'on ne sent même plus, rien d'autre que la clameur liquoreuse du boulevard, rien d'autre, rien d'autre à écrire ?

L'intime est bien fade, il faudrait trouver une forme de mensonge plus ardent ...

7 décembre 2008

Il est plus facile pour un poireau...

poireau6Où l'on se presse de devenir autre chose qu'une charogne anodine, où l'on tente de se rapprocher de cette élégante composition végétale sans risquer une phrase de plus.

29 novembre 2008

Au passage

Les gens dans les passages ont toujours cet air ramassé de l'attente, déjà absents du lieu qu'ils se hâtent de quitter – qu'ils ne finissent pas de quitter ?

14 octobre 2007

Brève

Il suffirait de s'asseoir là, devant une table ronde qui se trouverait en retrait sur la place Stravinsky. Il suffirait d'attendre que le ciel vienne se poser à la surface du verre.  Il suffirait même de se dire : je suis là, assise et bienheureuse devant cette table ronde, sur la place Igor Stravinsky, à l'heure où le soleil aurait choisi mon verre pour s'éteindre.

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14 octobre 2007

Panne de réseau

Coincée entre deux portes ? Non, je tiens à rassurer mes adorables lecteurs, je passe encore entre les portes! Cependant, le réseau internet, lui, n'a pas daigné s'aventurer au-delà du pas de la mienne, ce pendant une longue semaine - je vous épargne le récit de mes entretiens téléphoniques, longs, longs, très longs, avec mon fournisseur de Toile...
Fort heureusement, il y a les livres, les carnets, la colonie de stylos à bille, à plume, les crayons de bois perdus au fond du sac. Mais avouons-le ici, quel manque !

7 octobre 2007

Entre deux portes

Dîner chez Sandra et Marc, fraîchement installés près de l'église Saint-Ambroise. Il y a du monde, beaucoup de monde et un instant, j'ai très envie de rentrer. Je croise les yeux de Paolo, qui me lancent cet air que je connais si bien ; Chiara, s'il te plaît, fais un effort... Alors je reste parce que je suis une gentille fille et qu'après tout, je suis ravie de revoir Sandra, belle et heureuse. Nous parlons brièvement de Myrtille, qui ne va pas mieux et qui n'est pas venue ce soir. Nous parlons d'hier entre deux portes, et c'est bien de le laisser là, cet hier, de ne pas lui faire place dans les autres pièces.

Et puis elle plaque ses mains sur son ventre arrondi, elle cherche Marc du regard, elle dit maintenant, je peux oublier et rejoint la pièce. Ce moment me trouble tant que je reste interdite entre mes portes, bête et heureuse.

6 octobre 2007

Peintures, Victor Segalen

neige
Atteignons ceux-ci, qui viennent du Sud au grand soleil de l'Annam et du pays Champa ; des hivers où jamais l'eau ne se prend en glace ; où la neige se raconte avec incrédulité et se conserve, si elle tombe, dans de précieux petits coffres.


Victor Segalen, Peintures, Gallimard, 1983.

- Pour visiter le site de l'Association Victor Segalen.
- Sur Peintures

3 octobre 2007

Une photographie retrouvée

Je me souviens du portrait de ma mère en robe noire. Ou plutôt de celui d'une très belle femme, assise sur un fauteuil Voltaire recouvert de velours bleu. A sa gauche, il y a une large porte ouverte sur la Manche. A sa droite, il y aurait une petite fille aux cheveux couleur de miel et plus tard, une jeune fille aux cheveux bruns, visage fardé, oeil torve, lèvres figées dans une moue trop longtemps étudiée. Il y aurait enfin le silence du cliché, l'âpreté usée du sourire de la mère, l'odeur du papier jauni au fond d'un tiroir. En fermant les yeux, on caresserait le papier lisse et froid, on oublierait les rognures des côtés, les craquelures du centre. On oublierait l'absence de l'enfant. On oublierait que je n'y suis pas.

30 septembre 2007

En hâte, en vrac

Dès le matin, un énooorme livre, les Vies* de Vasari, au milieu desquelles je pioche, choisis, hésite comme l'enfant chez le Confiseur idéal ; je le sais, il y a comme une contradiction (sans doute propre à tout lecteur) à regretter la perte de sa vie avant que de s'égarer dans celle des autres. Qu'importe, le lecteur a bien d'autres incohérences.

Beaucoup plus tard seulement, un vrai rayon de soleil découvre le ciel, c'est comme un orage à rebours, je n'en crois pas yeux : le ciel est bleu, un reflet blanc sur la vitre et qui violente la pupille : Giorgio * et moi pour un thé amoureux au jardin, sous la protection d'un ange bienfaiteur ! Qui l'eût cru ? 

Plaisir qui ne se prolonge guère au delà de 16 heures... heure à laquelle Myrtille débarque à l'improviste, en larmes : Stéphane l'a quittée... Mais que dire de leur relation ? Une jeune femme amoureuse d'un personnage qu'elle vénère et qui l'a forgée à son image, ce depuis des années. L'a-t-il vraiment quittée ? Il me semble qu'il ne l'a même jamais conviée... et pour quitter quelqu'un, encore faut-il avoir su l'habiter, encore faut-il avoir su l'accueillir — l'un n'allant pas sans l'autre, j'en suis aujourd'hui persuadée.

J'ai eu mon Pygmalion. Je sais comme cette relation m'a successivement interrompue, gommée, détruite. Je sais cette manière de se laisser conduire en poupée creuse — l'ombre du marionnettiste, vous savez, l'abri vénéneux ; je sais tout le vide du ciel ouvert subitement lorsqu'ombre et fils s'absentent pour toujours, je sais l'abandon qui laisse sans repère, l'effondrement, la lente reprise du souffle. Myrtille dans mes bras, je ne fais que silence ; peur de la briser, elle qui n'est plus que verre.

* Les Vies des plus excellents peintres, sculpteurs et architectes, Giorgio Vasari. Une édition française présentée par André Chastel est en cours de réédition chez Actes Sud, une Vie des peintres est disponible chez Grasset, dans la collection "Les Cahiers rouges".


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Un ciel de Pygmalion (photo Chiara)

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