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La Dame à l'hermine
9 août 2007

Fuite malouine et peur majeure

Luce, une grande amie, me rejoint dans la petite cour aux géraniums, son petit bout de chou dans les bras. Marc a 3 ans, l'air boudeur de son père, les yeux rieurs de sa mère. Luce a l'air reposé enfin ; c'est la première fois que je la vois si bien depuis son divorce, l'année dernière. Nous nous installons tout près de la jarre, tandis que le petit bout se met à examiner gravement la roue du navire posée sur les marche

jarre

La jarre de géraniums, dans la cour du Chateaubriand

Comme j'interroge Luce sur sa nouvelle vie (elle vient d'emménager dans une petite maison dans le très joli quartier de Saint-Servan, tout près de l'océan), elle soupire, sourit et, se retournant vers le petit Marc :
- "Yann passe me voir de temps en temps, nous parlons beaucoup du passé. De Marc aussi. Il s'inquiète pour lui..."
- "... Hum... Vous..."
- "Oui de temps en temps aussi. Enfin, c'est arrivé deux fois le mois dernier. (Elle regarde toujours le petit) J'ai du mal à ne pas le désirer tu sais."
- "Mais Luce, cette fille qu'il voyait..."
- "Il la voit encore, oui, il la voit encore"
- "Luce je pourrais te dire que je ne te comprends pas tout ça, et c'est ce que j'aimerais pouvoir te dire, mais bon, c'est un fait, je te comprends et les histoires d'amour sont compliquées, même quand elles sont passées..."

Elle me regarde maintenant, visiblement soulagée. Elle me dit qu'elle se garde bien de le faire savoir autour d'elle, "surtout ma mère et ma soeur tu sais, elles ne peuvent pas comprendre". Je le sais oui. La famille de Luce est très pieuse, que dis-je, absolument, totalement, indéfectiblement bigote. Luce a dû être très forte pour faire voler son éducation lorsqu'elle a pris la décision de se séparer de Yann. Je n'ose pas lui demander si elle voit sa mère et sa soeur...  Alors je change de sujet, et je lui parle des raisons qui ont précipité mon départ.

A vous, j'ai raconté la tasse brisée, et le désir que j'avais éprouvé à la vue de Paolo ce matin où il venait de faire l'amour à Marielle. Toute la journée, la tasse brisée m'a hantée. Toute la journée, j'ai fui le regard de Paolo, sans comprendre ce que cette pudibonerie inédite venait faire là : Paolo et moi couchons ensemble lorsque nous nous sentons trop seuls, et sans que cela n'ait jamais altéré nos rapports.
Seulement ce jour là, j'ai ressenti de la jalousie. Ce jour là, pour la première fois, je l'ai trouvé beau. Le lendemain, je rougissais à sa vue, je redoutais de le croiser trop longtemps dans la cuisine (le lieu de la révélation !)... j'étais, oui, j'étais comme une stupide adolescente !

Comme je sentais bien que Paolo notait mon trouble (et il eut fallu être bien sot pour prétendre ne pas le voir), j'ai prétexté des humeurs, une fatigue soudaine. Le lendemain très tôt – je n'avais pu dormir –, j'ai réservé mes billets, jeté quelques vêtements dans la valise (pas suffisament, j'ai dû faire les boutiques pour pallier au manque...) : à 11 heures, le train m'emportait.

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Commentaires
C
oui et le désir produit le manque... Me voilà bien ! ;-)
L
Le manque produit le désir !
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