Réaction
Sur le quai du métro, un homme couché à même le sol. Et les gens passent, sans un regard. Par terre, le corps, corps-plâtre, corps-faïence, corps-bitume. Et la foule passe, et la foule s'en fout, et la foule n'a pas de regard. Lisse. Rien. Derrière la vitre, je me suis levée. On me regarde. Moi. Dehors encore, la foule qui passe, foule-plâtre, foule-faïence, foule-bitume, foule sans regard. Mais la femme debout est bien plus remarquable que l'homme couché. Je suis descendue à la station suivante, j'ai pris le métro en sens inverse. L'homme couché toujours, les yeux fermés. Pas un mot, pas un geste. Il respire, il ne fait que respirer. Prévenu le chef de station. Je ne me sens pas plus forte pour ça. Mon geste n'est que réaction. J'aurais voulu qu'il soit venu de moi, et de moi seule.