Re-connaissance
Être lue à son insu par ceux qu'on aime — ou pas — doit être bien difficile. Je ne risque rien du côté de Paolo, il respecte ce monde qui n'est pas le sien, il sait que je tiens des carnets, il sait que je tiens un blog. Je lui fais entièrement confiance, il n'ira pas de lui-même ouvrir ce petit pan de moi qui, je le crois, l'affirme et le scande, ne lui est pas destiné. (Mais à qui est-il destiné ?)
Et que faire de cette part inconnue de l'autre : le hasard, notre hasard ? L'exemple de Laurent Nunez tombé ici, me prouve combien, sur la toile — je n'oserai pas un "plus qu'ailleurs"—, la multiplicité des traverses, des parcours possibles de l'autre nous échappe, nous dépasse ?
Bien sûr la vie est un jeu de rencontres, mais qu'en est-il lorsque la rencontre s'opère une deuxième fois, lorsque cette rencontre scinde l'image que l'autre a de nous, définitivement ? L'écriture de soi ici est tranchante, comm un scalpel. L'autre peut nous reconnaître, nous démasquer dit-on. Je n'ai pas peur, je crois, du dessous des masques, mais bel et bien de cette re-connaissance, de cette scission dans le regard de l'autre, de la perte de cette prétendue mais néanmoins désirée — et souvent vécue comme telle — intégrité ?